Slideshow el dorado
Ce projet est en premier une série de sculptures qui sont la reproduction à l’échelle 1:1 d’objets dits high-tech, mais tous obsolètes ou dépassés. Les matériaux utilisés sont des matériaux nobles ou précieux (bois d’essence rare, exotique, marbre, granite, laiton, pierre semi-précieuse). Utiliser ce procédé a été une volonté de déstabiliser les objets originaux par la simple substitution de matériaux : le volume et le design restent identique ou au plus prés de ce que sont les originaux, dans la limite de reproductibilité des formes dans leur nouveau matériau et des limites des outils disponibles pour le travaillé. L’un des attraits de ce projet a été les difficultés posées par les matières utilisées, nécessitant la plupart du temps un outillage, des techniques poussées et particulières qui traditionnellement sont celles des artisans. Ici, le jeu a été d’emprunter ces techniques et ces savoirs grâce en grande partie au savoir stocké en ligne par des artisans, des passionnés et accessibles facilement et gratuitement sur le Net (YouTube et Wikipédia regorgent de ce type de savoir).
Les objets originaux ont ceci de particulier qu’ils sont tous des objets que je possède, utilisais ou utilise encore dans mon travail, et renferme donc au-delà d’une valeur affective, une utilité. Ces objets sont pour la plupart fonctionnels, non sans avoir des difficultés de fonctionnement ou ayant simplement un décalage avec les standards actuels tel qu’ils en deviennent inutilisables.
Une des motivations à la création de ces objets/sculptures est financière et se base sur la nature différente des objets originaux et des duplicatas. Les objets initiaux sont difficilement utilisables ou doivent être remplacés. Comment faire alors qu’ils perdent de la valeur avec le temps et ne génèrent aucun bénéfice à la revente, bénéfice censé financer le rachat de nouveau matériel ? La logique utilisée ici est alors de redonné une hypothétique valeur dans l’objet reproduit part son statut proclamé d’objet d’art, se basant sur son processus de création, sur les efforts techniques déployés pour ça réalisation et sur leurs matériaux, nobles ou précieux. L’expérience est donc de redonner une valeur monétaire à des objets qui n’en ont pas, ou presque plus, pour financer leur remplacement par des doubles qui bien que n’ayant aucune fonctionnalité prévue, sont censés par leurs caractéristiques reprenant celles traditionnelles des objets d’art en avoir. Et non seulement une valeur monnayable, mais une valeur qui serait même censée augmenter avec le temps si l’on en croit l’exemple des objets d’art à travers le temps.
La mise en vente fait partie intégrante du projet, en ce qu’elle permet d’autres expérimentations sur la présentation des objets d’art. Le choix a été motivé par plusieurs paramètres, le premier étant de trouver un lieu facile d’accès. L’espace internet s’avère avoir cette qualité autant pour le vendeur que pour l’éventuel acheteur. La plate forme choisie pour la mise en vente est Ebay, site historique de vente, d’annonce et d’enchère en ligne par et pour des particuliers et des professionnels. Ce site est en grande partie un fourre-tout, où une variété inégale d’objets se vendent et s’échangent à travers le monde. La plateforme a ceci d’amusant qu’elle reprend les enchères, moyen très utilisé pour le commerce d’art. L’idée est entre autres d’imiter la vente d’objet d’art de grande maison d’enchère. Outre cet aspect, cet espace peut être finalement vu comme un moyen de diffuser un travail et de le faire vivre dans un espace pas spécialement prévu à cet effet, mais offrant tout la place désirable pour y expliquer tout une démarche artistique ainsi que la possibilité d’un dialogue. Cette tentative, très absurde, est un essai d’alternative au monde traditionnel du marché de l’art plutôt exclusif, une tentative qui joue en partie de ces codes et qui ne s’est, pour le moment, soldée par aucune vente.